Chez Prograin, le soya, on connait ça! Nous nous sommes entretenus avec notre directeur de semence pour qu’il nous parle de son métier, de ce qui le passionne dans son travail et afin de savoir, selon lui, à quoi ressemblera l’agronomie dans un futur pas si lointain.
Bonjour Philippe. Parle-nous dont un peu de toi et du poste que tu occupes chez Prograin.
J’occupe le poste de directeur de production de semence chez Prograin depuis juin 1998. Au début, le poste ne comportait pas le mot « directeur », mais j’ai toujours eu la responsabilité de superviser la production des semences généalogiques de Prograin, et ce, du statut « Sélectionneur » au statut « Certifié ».
Ça veut donc dire que j’ai la responsabilité de m’assurer que le département des ventes — gérées par le directeur de territoire et réseau de distribution — ait toutes les semences nécessaires en quantité et qualité afin de répondre aux objectifs de la compagnie et aux besoins des producteurs.
Quel parcours académique as-tu suivi pour obtenir ce titre?
J’ai fait mon baccalauréat en science de l’agriculture avec une majeure en science des plantes. Mon objectif était de travailler en développement international, ce que j’ai fait pendant plusieurs années à l’extérieur du Canada et à l’étranger avant de revenir au Québec.
Et qu’est-ce qui t’a amené à travailler pour Prograin?
Je suis arrivé chez Prograin la première fois un peu par hasard pour pourvoir un poste en recherche alors que leur directrice partait en congé de maternité. J’avais travaillé dans un laboratoire de recherche auparavant et j’avais de l’expérience au niveau informatique et en analyse statistique, mais peu d’expérience avec l’agriculture du Québec puisque j’arrivais de l’étranger.
Prograin faisait également affaire avec l’Argentine pour des multiplications de semences en « contre saison », c’est-à-dire dans l’hémisphère sud durant l’hiver canadien, et je parlais espagnol. Quand la directrice est revenue de son congé, le poste de responsable de production de semence chez Prograin était libre et j’y ai appliqué. C’était en 1998 alors que la culture du soya prenait son essor au Québec.
À quoi ressemble ton quotidien?
Les années se suivent, mais sont très loin de se ressembler chez Prograin, même après plus de 20 années en poste. Tout change et se renouvelle continuellement et chaque année apporte son lot de défis.
Mon quotidien est bien sûr rythmé par les saisons : planification des objectifs et besoins, préparation des semis, prise de commandes, semis, inspections, récolte, inventaire de qualité et quantité, criblage, envois en Amérique du Sud et en Europe, etc.
J’entretiens des liens de longue date avec une série de producteurs de semences à travers la province et au-delà et plus particulièrement avec les producteurs sélects qui ont la responsabilité de maintenir la pureté génétique de nos variétés. Pour y arriver, je dois donc leur fournir toutes les informations pertinentes sur nos nouvelles variétés, mais aussi les accompagner dans leur tâche d’épuration lorsque nécessaire.
Je gère aussi tous les échanges avec les organisations qui jouent un rôle clé dans la production des semences au Canada et à l’étranger : l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), l’Association canadienne des producteurs de semences (ACPS), Semence Canada, les Producteurs de grains du Québec (PGQ), l’Association des marchands de semences du Québec (AMSQ), le Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences (GEVES), etc.
Qu’est-ce qui te motive le plus dans ton travail?
Ce qui me maintient motivé ce sont toutes les personnes extraordinaires avec lesquelles je travaille. Je carbure au travail d’équipe et les gens chez Prograin ont tous une merveilleuse attitude. C’est d’ailleurs ça qui est à la source de ma motivation.
Le fait qu’on relève des défis communs ensemble fait toute la différence. Je suis très content que mon parcours m’ait permis de rencontrer et de travailler avec les personnes que je côtoie chaque jour.
Qu’est-ce que tu aimes le plus de ton travail?
Satisfaire les producteurs et nos clients internes comme externes et notre beau travail d’équipe, mais aussi l’entraide et le soutien qu’on se démontre l’un l’autre.
J’apprécie tout particulièrement le côté humain qui entoure chacune de mes tâches et comment notre passion et notre enthousiasme contribuent à améliorer les choses.
Le succès facile est toujours le bienvenu, mais faire face à un défi et le relever ensemble est aussi très gratifiant. Avec l’expérience, j’ai réalisé que le milieu agricole était très agréable à naviguer.
Comment décrirais-tu le soya produit par Prograin?
Prograin développe ses variétés de soya avec une véritable passion et ce sont des personnes tout aussi passionnées qui participent à leur élaboration. L’objectif est toujours de fournir aux producteurs, aux réseaux de distribution et aux clients à l’export des solutions gagnantes.
Nous développons des variétés « gagnantes-gagnants » adaptées aux différentes régions où nous sommes présents. Nous travaillons également à développer de meilleures façons de faire à tous les niveaux de l’entreprise. On cherche sans cesse l’amélioration, tant au niveau des semences qu’au niveau de nos compétences.
Comment Prograin réussit-il à innover dans le domaine du soya?
Prograin réussit à innover grâce à ses nombreux partenariats mondiaux et grâce à l’engagement de ses employés qui se tiennent à l’affut des innovations, notamment à travers leurs lectures et leurs échanges. C’est aussi grâce à la direction qui encourage et soutient ses employés dans ces projets d’innovation. L’excellent esprit d’équipe cultivé au sein de l’entreprise permet aux idées nouvelles et novatrices de fleurir et de se développer jusqu’à donner des résultats concrets.
Selon toi, à quoi ressemblera le métier d’agronome dans 10 ans?
Excellente question. 10 ans, c’est très vite passé. Je viens de passer plus de 20 ans chez Prograin et je n’ai pas vu le temps filer. Je le constate toutefois lorsque je regarde mes enfants, qui sont nés au début de ma carrière et qui sont aujourd’hui adultes.
Le domaine du vivant — les plantes, le sol, les maladies, les changements climatiques — est très vaste et en constante évolution. On est loin d’avoir fini de le cerner. Il y a encore tellement de choses à découvrir. Bien sûr, il y aura l’intelligence artificielle, la biotechnologie, les robots de désherbage, de nouvelles molécules, etc., mais chaque nouvelle solution amènera un nouveau défi.
À mes débuts en 1998, il y avait par exemple le soya Roundup Ready. Aujourd’hui, on est rendu à des variétés de soya E3 qui tolèrent 3 molécules d’herbicide en raison de l’adaptation et du niveau de résistance accrue des populations de mauvaises herbes. Même 25 ans plus tard, les Européens refusent toujours d’en développer et d’en produire chez eux.
Le soya biologique occupe aujourd’hui une superficie plus importante et on remarque que les cultures de couverture sont à l’honneur, notamment pour entretenir le « vivant » dans nos sols.
La situation mondiale actuelle nous amène aussi à redécouvrir le plaisir et la joie de l’agriculture. Le métier d’agronome a encore de nombreuses belles années devant lui et je crois qu’il faut continuer à cultiver la curiosité pour apprendre à mieux produire tout en se respectant et en respectant ce qui nous entoure.
Quel conseil donnerais-tu à un producteur agricole qui veut se lancer dans la culture du soya au Québec?
Je lui dirais de contacter un des agronomes de Prograin, qui se fera un plaisir d’aller chez lui pour répondre à ses questions et faire le tour de sa situation pour lui présenter les conditions gagnantes qui assureront la réussite de sa production. Prograin a certainement tout ce qu’il lui faut, des semences au semis et jusqu’au rachat de sa récolte une fois faite.
Merci pour ce bel entretien, Philippe!